Acahts responsables - La carte de l'exemplarité

La gazette des communes (27 août 2015) Le conseil général du Puy- de-Dôme a lancé en 2011 une plate- forme de mise en relation directe de structures de restauration collective et de producteurs locaux, rassemblant pour l’heure une centaine d’acheteurs et quelque 160 fournisseurs locaux. Une façon de promouvoir les circuits courts d’approvisionnement, moins gourmands en CO et favorables au tissu local.

«Nous sommes aussi attentifs aux conditions de fabrication des produits, en exigeant une référence à des écolabels, par exemple pour les objets promotionnels du conseil général, ou en étant attentifs aux composants : nous veillons notamment à ce que les enrobés utilisés sur les routes comportent 30 % d’agrégats. Nous avons par ailleurs introduit des clauses d’insertion sociale, avec l’objectif d’une systématisation à partir du 1er janvier 2015 pour tous les marchés supérieurs à plus de 90 000 euros », explique Sandrine Jaffeux, responsable du service des marchés au Conseil général du Puy-de-Dôme.

Dans cette perspective, la sensibilisation des acheteurs à ces nouveaux critères est essentielle, mais ils ne sont pas les seuls concernés. « Les agents qui utilisent les produits sont aussi formés, comme les cuisiniers qui apprennent comment préparer des plats à base de quinoa ou de boulgour, des aliments que nous commandons pour notre restauration collective dans le cadre de nos achats éthiques et équitables », indique Isabelle Maistre, adjointe au maire de Bourg-en-Bresse (39900 hab., Ain), déléguée à la proximité, aux travaux et à l’environnement.

En privilégiant les achats responsables, les collectivités entendent d’abord jouer la carte de l’exemplarité. « En 2013, 41 % de nos marchés étaient passés avec des critères environnementaux. La démarche est politique avant d’être économique. Peut-être engendre-t-elle un surcoût, mais qui doit être léger», note Emmanuelle Folcher, chargée du développement durable à Crest (8000 hab., Drôme).

Toutefois, si les contraintes budgétaires ne pèsent pas encore sur le déploiement des achats durables, les collectivités cherchent de plus en plus à en mesurer les coûts. Voire les économies qu’ils permettent de dégager. A Annecy (53 000 hab., Haute-Savoie), la facture de fournitures administratives – dont 60% des marchés intègrent des objectifs de développement durable – a baissé de 28% entre 2010 et 2013.

Circuits courts
« Les produits rechargeables – colle, blanc effaceur… – sont privilégiés et une liste de produits a été ciblée. Les économies sont générées par le choix de produits réellement adaptés aux besoins des services. Et si les produits rechargeables coûtent plus cher à l’achat, ils peuvent finalement se révéler plus économiques avec une durée de vie plus longue », rapporte Sébastien Brun, directeur des marchés publics d’Annecy.
Chef du service «agriculture et forêts» à la direction du développement local durable du conseil général du Puy-de-Dôme, Nicolas Portas voit, de son côté, dans l’approvisionnement des structures de restauration collective en circuits courts une source inattendue d’économie. «Alors que, souvent, jusqu’à la moitié des salades peuvent être jetées pour être présentables, ce gaspillage n’existe pas avec les produits frais.» Reste que les économies ou les surcoûts engendrés sont difficilement quantifiables. «Je m’étais penché sur l’évaluation de l’ensemble des coûts des achats durables, en prenant en compte les externalités positives et négatives. Mais je n’ai pas trouvé d’outils de calcul satisfaisants», reconnaît Gilles Debergue, sous-directeur chargé de la logistique au Conseil général des Alpes-Maritimes.

Certains indicateurs sont plus facilement mesurables, comme la durée de vie des produits. D’autres le sont moins, comme les répercussions sur la santé des agents de l’usage d’un mobilier sans colle. Malgré cela, la démarche se développe. «Nous introduisons de plus en plus les notions d’usage et de fonctionnement dans les marchés de travaux. Pour des constructions nouvelles ou des rénovations lourdes à la labellisation “Haute Qualité environnementale”, l’approche globale s’impose. Elle n’est malheureusement pas encore systématique, nous allons désormais travailler à mettre en place des procédures», explique Isabelle Maistre.

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